2013-2021

Je le sais. Prendre la plume me permettra peut-être d’exorciser cette douleur lancinante qui jamais ne me quitte depuis que tu es parti. Des semaines que je repousse cette échéance… Comme si cela pouvait changer la donne, comme si cela pouvait me permettre de remonter le temps pour modifier le cours des choses…

Tu auras été le témoin de bien des changements dans ma vie. Tu auras été celui avec qui, d’une certaine façon, tout à commencé. Mais tu auras surtout été celui qui m’aura fait grandir.
De toi, je ne garderai pas que le meilleur, cela équivaudrait à renier celui que tu étais. Alors je garderai tout en mémoire : le bon, comme le moins bon. Tu m’as permis de (re)découvrir ce qu’est un Colley, avec ses lettres de noblesse ; ce qu’est un véritable chien de berger, un chien de travail.
Pendant très longtemps tu auras été incompris  et soyons honnêtes, tu auras su  nous le faire payer, de toutes les façons dont ton imagination sans faille te le permettait. Mais tu nous aimais au moins autant que nous t’aimions… Et lorsque tu revenais de l’une de tes célèbres escapades, fier comme Artaban de nous avoir une fois de plus dupés, tu savais d’un regard enjôleur te faire pardonner.
Au travail, tu savais faire preuve là aussi d’une incroyable détermination… Autant pour bien faire et obtenir mes félicitations, que pour te buter dans le refus d’obtempérer, juste pour nous montrer que tu ne voyais absolument pas la nécessité de t’exécuter.  Doté d’une grande intelligence, tu savais retourner les situations à ton avantage et plus d’une fois tu nous auras étonnés. Infatigable et pugnace tu ne savais pas t’arrêter et c’était à nous, humains, de savoir mettre un frein tes ardeurs. 

Pourtant tu savais être un grand calme. Tu savais rester près de moi pendant des heures, couché à mes côtés, parfois lorsque je travaillais, avec un ordinateur sur ton flanc. Mais tu t’en moquais, le principal étant que nous soyons ensemble. La voiture, ta niche, ton refuge, était sans nul doute ton endroit favori. Tu t’y sentais en sécurité et surtout, c’était le seul endroit où tu m’avais pour toi tout seul et où tu savais que je ne te refusais généralement pas grand chose.
Tu désespérais à la naissance des bébés, y compris des tiens. Non que tu ne t’intéressais pas à eux, car à plus d’une reprise tu te seras impliqué dans leur éducation. Mais ils troublaient ta quiétude et surtout ils t’empêchaient pendant de longues semaines de m’avoir auprès de toi. Alors tu boudais, me dédaignant et me faisais payer ça au prix fort dès que tu en avais l’occasion. Et puis je m’asseyais par terre, tu me grondais à grand renfort de « hou hou » et tout était oublié... Si tenté que je sache t’accorder dans les jours qui suivaient l’attention que tu réclamais.

Dans cette vie souvent tumultueuse, tu m’auras appris la patience et la remise en question permanente. Tu m’auras montré qu’il ne faut jamais rester sur ses acquis. Tu m’auras montré des chemins que je ne connaissais pas et qui aujourd’hui me passionnent.

Je sais que la vie ne s’est pas arrêtée… Je sais que je me dois de continuer au travers de ta descendance ce que d’autres avaient commencé avant moi pour faire de toi celui que tu étais. Et je sais aussi maintenant que je me dois de te laisser partir malgré le trou béant que tu laisses dans mon coeur.

Repose en paix mon Amour !

Ce montage, affiché dans le parc d’éveil des chiots, représente bien ce qu’était Iron et la philosophie de notre élevage. Beaucoup de ses enfants ont récupéré son atavisme de berger. Nous travaillerons dans les années à venir dans ce sens et tenterons de produire de bons chiens de travail en mémoire de celui qui aura été « le chien d’une vie »…

Isar River Blue du Val de la Lawe et Saphir Blue of Kahisars

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